Une histoire d'ombre...

Le petit village de Friedbourg se trouvait en marge des marécages de l’oubli… Personne ne se rendait jamais dans la région si bien que les guerres les avaient épargnés jusqu’alors…

De temps à autre un ménestrel venait leur compter les histoires des royaumes… Les plus jeunes étaient suspendus aux lèvres de ce dernier, les plus vieux savaient ce que la réalité de la guerre signifiait. La guerre n’avait rien à voir avec les histoires de chevaliers et de princesse…

La guerre, c’était avant tout la peur… La trouille qui vous noue les viscères… Cette peur qui fait de vous des morts en sursis. Car si tu as peur sur un champ de bataille, tu es déjà un homme mort…

Mais les anciens n’avaient jamais parlé de cela à leurs enfants et petits enfants… Ils se contentaient de ruminer dans leur coin devant les yeux des jeunes qui rêvaient de guerres et de gloires.

Un beau jour, alors que les enfants jouaient avec les feuilles d’automne sur la place du village, un cavalier fit son entrée dans le village… Il était relativement petit et avait le visage couvert de rides… Il portait une robe de bure noire de bonne facture, une lourde chaîne d’argent autour du cou avec un triangle stylisé reposant sur sa poitrine. Le vieil homme laissa son cheval s’abreuver dans le lavoir de la place, et en profita pour descendre à terre. Il se fit craquer le dos, faisant une grimace de douleur. Puis voyant que les enfants l’observaient, il se rapprocha d’eux.

- Bonjour mes enfants…
- B’jour m’sieur, lui répondit un jeune blondinet.
- Appelle-moi mon père…
- Zêtes pas mon père, pourquoi que j’vous appellerai mon père ?
- Parce que je suis un prêtre d’Illuminas, dieu de l’ordre et de la lumière.
- Connais pô.
- Mais en quel dieu croyez vous par ici, demanda le vieux sans chercher à dissimuler sa suspicion.
- Dieu ? C’est quoi un dieu ?
- Mais tu sais, intervint une petite fille… Un dieu, les créateurs du monde.
- Bof…

Le vieil homme observait les enfants parler entre eux, sentant la moutarde lui monter au nez. Un homme mur sortit de son atelier et se rendit à côté des enfants. Il était solidement bâtit, châtain avec une barbe courte, et portait un tablier de cuir…

- Karl, cesse d’importuner le monsieur. Bonjour vieil homme.
- Bonjour, vous êtes ?
- Udo Hermann, le charpentier et aussi le Bourgmestre du village.
- Bourgmestre, hein ? Dites-moi… Je ne vois pas d’Eglise…
- C’est que nous n’en avons pas. Nous vivons de la terre, la vie est rude…
- Mais, qui assure l’ordre ?
- Nous même… Mais je dois avouer que nous avons rarement à le faire. Cela dit le conseil du village est là pour ça. Mais qu’est-ce qui vous amène ici ?
- Rien, rien… Je reviens juste de Nuln et j’ai voulu couper à travers les terres pour retrouver la forteresse de mon dieu. Mais bon là n’est pas le sujet, je ne vous importunerai pas plus longtemps…
- A votre guise.

Le vieil homme se hissa difficilement sur le dos de son cheval et repris la route vers le nord, sans un regard en arrière. Le charpentier morigéna un peu son fils, lui disant qu’il ne fallait pas adresser la parole à des inconnus, puis retourna à son travail, peu à peu, il en oublia même cette histoire…

Dites-moi ce que vous en pensez, histoire de voir si je continue à me décarcasser

Pas mal, need la suite

Boris le trappeur aperçut une troupe de cavaliers venus du nord… C’était la première fois depuis bien longtemps qu’il voyait autant d’étrangers. Il se rapprocha de la route et constata que les cavaliers portaient tous de grands tabards blancs avec un triangle rouge brodé sur la poitrine…

Il vit aussi que les chevaux avaient des caparaçons… Combien pouvaient-ils être ? Bien une douzaine… Non plus d’une douzaine… Plus que le vieux Boris ne pouvait en dénombré, il n’avait jamais été très doué pour les nombres.

Leurs heaumes étaient tellement lustrés qu’ils semblaient faits d’argent, tels des guerriers légendaires… Ils avançaient dans la forêt enneigée, sur le petit chemin, ne pouvant être à plus de trois de front.

Soudain, l’un d’entre eux vit le trappeur qui leur faisait des signes. Il éperonna sa monture en sortant sa lame de son fourreau. Boris cru d’abord que le cavalier, sans doute leur chef, voulait le saluer, mais quand il vit l’épée se lever et le cavalier se pencher dans sa direction, il ne demanda pas son reste et courut aussi vite que ses jambes lui permettaient, en hurlant des avertissements vers le village…

La peur lui tenaillait les entrailles, mais la volonté d’avertir sa famille et ses amis, du péril qui les attendait était plus forte que tout. Il n’entendait même plus les sabots du cheval au galop, ni le souffle de ce dernier. Jusqu’à se que l’espace d’un instant, sa vision se brouille, puis, le vide.

La tête du trappeur continua un moment sa course en roulant dans la neige, laissant son corps sur le côté du chemin.

- Beau travail, Frère Morgen.

- Merci, Frère Capitaine, si tous ces paysans sont aussi stupides que celui-ci, se sera vite réglé. Pourquoi ne s’est-il pas caché dans les bois ?

- Je ne sais pas, Frère. Mais concentrons nous sur notre mission, purifions rapidement ces terres. En avant !

- Bien frère Capitaine !

…

Karl était en train de jouer au petit cheval de bois que lui avait fabriqué son père pour ses cinq ans. Sa grande sœur apprenait à tricoter avec leur mère alors que leur père travaillait à l’atelier jouxtant leur maison.

Soudain, ils entendirent des cris… Ils crurent d’abord à une volée d’oiseaux sauvages, ou à un cochon que l’on égorge, mais ce n’était la saison ni pour l’un ni pour l’autre… Leur mère rangea son travail dans un coffre en bois, et sortit voir ce qu’il en était après avoir recommandé à sa fille de surveiller son jeune frère. Mais elle revint vite sur ses pas, Karl aperçut alors par la fenêtre son père avec un filet de sang sur la tête et armée de sa hachette de charpentier qui criait des ordres aux autres villageois avant que deux flèches ne viennent lui transpercer la gorge.

Leur mère, qui était en larme, les fit passer dans leur chambre et leur demanda de se cacher. Karl était tétanisée par la peur, si bien qu’elle du lui donner une gifle avant qu’il ne réagisse et ne se mette à ramper sous son lit. Leur mère retourna dans la pièce principale et le jeune garçon l’entendit chercher de quoi s’armer dans la cuisine. Pendant se temps, sa sœur Hilda referma la porte de leur chambre et s’enferma dans l’armoire.

Karl n’entendait plus rien, il sanglotait maintenant… Il n’entendit pas les templiers pénétrer dans leur maison et tuer leur mère sans même craindre le couteau qu’elle agitait.

Il n’entendit pas non plus l’un des templier s’écrier que cette porte était fermé et qu’il devait y avoir quelqu’un à l’intérieur… Il vit une paire de pied, chaussée de maille piétiner une porte défoncée. Puis alors que l’homme se penchait pour voir si quelqu’un se cachait sous le lit, il vit le bas de la porte de l’armoire s’ouvrir, et la voix cristalline de sa sœur dire :

- Je suis ici…

- Frère Morgen, qu’as-tu donc trouvé là ? fit une voix forte de l’embrasure de la porte.

- Une jeune fille dirait-on, Frère Amon. Doit-on la laisser vivre ?

- Le Frère Capitaine Stern a dit : Pas de survivant…

- Bien…

Le templier vit alors le pied de sa sœur se soulever du sol et du sang goutter… Un corps sans tête tomba inanimé au sol, uniquement secoué de petit soubresauts. Avant de sortir, le templier jeta la tête au sol…

Ses cheveux blonds s’emmêlèrent dans le sang mais la tête termina son mouvement prêt du lit… Karl voyait les yeux de sa sœur le regarder en face, des yeux emplis de terreur… Un regard qui ne le quitterait désormais jamais.

C'est très bon. Quoiqu'un peu trop joyeux à mon goût, peut-être.

Sympa la petites histoire...

Les dieux seuls savent combien de temps Karl resta comme cela, à fixer les yeux de sa sœur… Peut-être juste une minute, peut-être une heure, peut-être plus… Il était au-delà de la tristesse, au-delà des émotions. Son âme était vide… Tout semblait irréel, le temps n’existait plus… Il ne demandait qu’à se laisser aller, qu’à mourir à son tour.

Jusqu’à ce qu’une petite pensée, d’abord inaudible, puis de plus en plus forte, ne vienne le déranger dans sa quiétude. Cette pensée devint alerte : de la fumée… La maison était en flamme !! L’instinct de survie reprenant le dessus, Karl s’extirpa de sous son lit en arrachant à moitié sa tunique sous le coup de la panique.

La fumée arrivait de la pièce principale de la maison, tout n’était que flammes ! Il se retourna alors vers la chambre… Il se rappela se son vieux chien Rakk, mort l’année passée. Ce dernier avait pris pour habitude de creuser le sol de terre battue pour se faufiler au dehors.

Karl, qui avait déjà les yeux qui le piquaient et commençaient à ressentir des brulures dans les poumons, arracha une planche de sa porte défoncée, retira le tapis que son père avait posé là et se mis à creuser la terre qui était à cet endroit plus friable… Il eu du mal à casser la première couche, mais, alors que les flammes léchaient déjà le plafond de sa chambre, parvint finalement à une terre plus friable.

Donnant des coups de pieds dans les planches, il réussit peu à peu à se faire un passage, non sans y gagner de nombreuses écorchures et déchirer encore d’avantage sa tunique… Il s’éloigna du village en courant vers la forêt, sans se retourner… Ce n’est qu’à l’abri des fourrés qu’il s’arrêta enfin et toussa jusqu’à en cracher ses poumons. Puis il se retourna pour constater que le village entier était en flamme… Il ne restait rien… Tout le travail d’une vie de son père, parti en fumée… Tous ses rêves de petit garçon envolés…

Mais pourquoi ?

Qu’avaient-ils donc fait pour mériter cela ?

Karl resta là à contempler sa vie se consumer jusqu’à ce qu’il ne reste plus que des cendres…

Il retourna alors sur les lieux de ce qui fut son village, mais ne trouva que corps calcinés… Il passa le début de la nuit à fouiller les décombres à la recherche de son père ou de sa mère… De sa sœur…

Puis il se résolut à quitter les lieux. Ce n’était plus chez lui, ici. Il ne prit pas la peine de prendre de l’eau au puits, il ne prit pas la peine non plus de récupérer les rares fourrures ayant échappées à l’incendie… Les pieds nus, en chausses de cuir et en tunique déchiquetée, il s’avança sur le chemin du sud à travers la forêt…

Il marcha autant qu’il put, avant de prendre des lambeaux de sa tunique pour s’en entourer ses pieds aux orteils déjà bleuis… Il grelotait mais ne cessait d’avancer. Il savait pour avoir déjà emprunté cette route avec son père une fois qu’elle finirait par l’amener à une petite ferme…

A plusieurs reprises, il tomba à genou dans la neige… Mais peu à peu, sa volonté se renforça… Il se récita dans sa tête une sorte de litanie pour se donner du courage : Frère Morgen, Frère Amon, Frère Capitaine Stern, Frère Morgen, Frère Amon, Frère Capitaine Stern…

A chaque fois que l’engourdissement voulu s’emparer de lui… A chaque fois qu’il se disait que finalement il pourrait bien s’arrêter pour dormir un peu ici, juste un peu, la litanie le reprenait : … Morgen, Frère Amon, Frère Capitaine Stern, Frère Morgen…

Ainsi, il ne se rendit pas compte que la nuit avait céder la place à l’aube et à son épais brouillard… Jusqu’à ce qu’à travers les brumes, il ne distingue une lueur… La ferme !
Il se précipita vers la source de chaleur, le cœur battant à tout rompre, mais tomba bientôt à genou dans la neige… La ferme toute entière était en flamme, elle aussi. Les animaux avaient été pillés et les habitants ligotés puis exécutés.

…Frère Amon, Frère Capitaine Stern, Fr… Karl se ressaisit rapidement… Il ressentait désormais une haine profonde, viscérale, envers ces hommes qui avaient pris sa vie… Non, il ne pouvait permettre de les laisser gagner… Il ne pouvait pas laisser faire ça.

Il récupéra une paire de sabot et une veste en peau de mouton sur le cadavre du fermier. Puis il alla à la petite rivière derrière la ferme pour boire tout son saoul… Il en profita pour se laver le visage et constata qu’il avait de nombreuses écorchures douloureuses. Finalement, après avoir fait le tour de la ferme, il se contenta de récupérer une vieille fourche en bois en guise de bâton et d’arme, et continua son chemin.

Il n’était jamais allé plus loin que cette vieille ferme, où son père avait effectué des réparations, une fois… Il s’avança donc dans l’inconnu.

Maintenant qu’il faisait jour, Karl remarqua la trace des sabots dans la neige… Apparemment les cavaliers avaient poursuivis leur route vers le sud, brûlant tout sur leur passage…

Le jeune garçon fit une halte, alors que le soleil de midi réussissait difficilement à percer le brouillard… Il mit de la neige à la bouche et décida que faute de mieux, il allait manger de la neige, cela lui remplirait bien le ventre après tout. Mais alors qu’il en était à sa troisième bouchée, il entendit des bruits de sabot venir dans sa direction…

Il se cacha dans le plus proche buisson, cramponnant sa fourche comme si sa vie en dépendait, et vit apparaître dans son champ de vision, un majestueux cerf qui remontait le chemin. Faim… Il fallait qu’il mange. Il sauta maladroitement hors du buisson la fourche en avant droit sur l’animal. Ce dernier esquiva sans peine et s’enfuit dans la forêt. Karl n’en resta pas là et poursuivit l’animal du mieux qu’il put. Mais au bout de quelques dizaines de minutes, il fut bien obligé de reconnaître qu’il avait perdu sa piste.

Il chercha alors à retrouver le chemin, mais sans succès. Sans le savoir, il s’enfonçait toujours plus au cœur de la forêt, dans des lieux où l’homme n’avait que rarement mis les pieds… Persuadé qu’il était dans la bonne direction, il persista dans son erreur… Bientôt, il entendit des craquements sous ses pas. Des flaques d’eau gelée… Alors que la lumière déclinait, et que sa faim lui tenaillait toujours le ventre, tout comme la douleur de ses éraflures, il entendit au loin un hurlement de loup… Puis un autre répondit au premier, plus proche.

le deroulement de l'action est prenant ! les desciptions sont suffisantes et illustrent bien l'univers dans lequel tu veut nous plonger
tant au niveau du vocabulaire que de la synthaxe, je trouve que tu ecrit bien, mais surtout je reconnais une très bonne mise en place de l'intrigue, les episodes et les elements de l'histoires nous sont donné habilement au fur et a mesure du recit...ta situtation initiale est vraiment bien mise en place...
j'adore personnelement je suis scotché...
tu m'as plongé dans un monde entre les croisades du moyen age en mediterranée entre jeanne d'arc et l'histoire de la confrerie des templiers...
et d'un autre coté sa ma fait aussi penser a quelques legendes du japon medieval où le pauvre paysan est forcé à prendre la voie du samourai pour venger ses proches tués pas le fanatisme d'une caste religieuse...
un joli travail, et un plaisir de t'avoir lu, pour preuve, ton texte m'a fait mettre pause à un episode de kaamelott, c'est dire....

La suite sera plus "fantasy"

Non, il ne pouvait périr comme ça, pas maintenant… Frère Morgen, Frère Amon, Frère Capitaine Stern !!! Il se mit à courir à en perdre haleine dans la direction opposée. Perdant un sabot dans sa course et faisant surtout énormément de bruit.

Les loups n’eurent aucun mal retrouver sa piste… Il entendait maintenant courir non seulement derrière lui, mais aussi sur les côtés. Ils essayaient de l’encercler. S’ils y parvenaient s’en serait fini de lui. Il jeta maladroitement sa fourche dans la direction d’un des loups, elle l’encombrait plus qu’autre chose.

Alors qu’il continuait sa course éperdue, l’eau du marécage lui arrivant maintenant jusqu’au cheville, il butta sur une racine et tomba à la renverse. En se redressant, il fit face à un loup aux babines retroussées. Il voulut faire demi-tour, mais un autre loup se trouvait derrière, bientôt rejoint par deux autres sur les côtés…

Il sauta alors sur l’arbre le plus proche, mais le premier loup réussit à le mordre au mollet. Aidé de la force du désespoir, il réussit à s’en défaire et monta vers les plus hautes branches…

Mais les arbres des marécages étaient tous rongés par la vermine, si bien qu’une fois arrivée près du sommet, il sentit son abri vaciller et tomber à la renverse.

Il ressentit une terrible douleur au bras et à l’épaule en percutant la glace, puis il fut tout entier entrainé dans l’eau glacée et la vase. Les loups n’étaient plus maintenant qu’un lointain souvenir… Il voulut se sortir de ce piège mais constata avec horreur qu’une branche de l’arbre lui traversait l’épaule. Il continua à lutter, épuisant le peu d’air qu’il avait encore dans ses poumons… Il cherchait à se saisir de quelque chose, de n’importe quoi pour se sortir de là.

Il tomba sur une sorte de branche couverte d’un morceau de métal froid, puis de plusieurs autres branches parallèles… Des os ! Utilisant ses dernières forces, il se saisit du squelette pour le tirer vers lui, expulsant les dernières goulées d’air de ses poumons. Ces derniers commencèrent à se remplir d’eau glacée et de vase… La panique était totale, il se débattait maintenant avec la force du désespoir jusqu’à ce que sa main gauche effleure la garde d’une épée…

Le temps s’arrêta alors…

« Qui vient me déranger en ces lieux ? »

« Qu… Qui êtes vous ? »

« Tu crois que je vais te révéler mon nom véritable ? Petit inconscient… »

« Mais où sommes nous ? »

« Dans les marécages de l’oubli… Qui portent bien leur nom d’ailleurs… »

« Et… Je suis mort ? »

« Non… Pas encore… Lui, mon précédent porteur est mort, oui… Il est mort car il a voulu m’utiliser pour sa propre gloire… Je lui demandais pourtant peu de choses, juste un petit service, tout juste quelques années de sa vie… »

« Je ne comprends pas. »

« Tu es bien jeune… Mais peut-être qu’un pacte avec moi t’intéresserait ? »

« Je… Je ne sais pas qui vous êtes… »

« Je ne suis pas de ton monde… Je ne suis qu’une ombre, une ombre emprisonnée dans une épée par un sorcier mégalomane… »

« Vous êtes un démon ? »

« Ne m’insulte pas, garçon… Un démon… Moi… Je n’ai que faire des dieux, des anges et des démons… Je suis autre, je viens d’un autre monde, le monde des ombres… »

« Vous me proposiez un pacte ? »

« Exactement… Mon précédent porteur a malencontreusement été tué par une nuit sans lune alors qu’il désirait utiliser mes pouvoirs… M’utiliser… Si tu acceptes que nous soyons tous deux égaux, qu’aucun d’entre nous ne domine l’autre, alors nous pourrons faire affaire… »

« Si j’accepte, qu’y gagnerai-je ? »

« Dans un premier temps, la vie… Ensuite, si tu acceptes de me rendre un service, de sacrifier quelques années de ta vie pour me rendre ce service, alors je promets de t’être fidèle pendant toute la durée de ta vie… Cela te convient-il ? »

hum....la blade de nightmare dans soulcalibur
le style d'ecriture me fait penser a du Bernard Werber
ce qui est loin d'etre une critique ^^
j'aime beaucoup la tournure fantasy que prend le recit !

merci pour ce nouvel episode apo !

« Très bien… J’accepte… »

« Qu’il en soit ainsi… »

Karl sentit alors une froideur s’insinuer dans son bras, puis remonter jusqu’à l’épaule, avant de se répandre dans son corps… La froideur s’accentua au niveau de sa jambe et de son bras, elle devint glacée puis brûlante. Passé la surprise, le jeune garçon se rendit compte de la douleur de ses blessures, il s’était cassé la jambe et le bras sous la force de l’impact et une branche lui transperçait l’omoplate de part en part… La force mystérieuse, plus froide que la glace, fit bouger les os, les remit en place et les ressouda. Karl sentit ses chairs se renouer. La sensation était étrange… La douleur laissa peu à peu place à l’engourdissement… Il sentit la branche s’extraire de son épaule et le sang chaud jaillir, bientôt rattrapé par la froideur qui le ramena dans le corps avant de refermer la peau et les chairs meurtries…

Finalement, la sensation glacée passa de l’épaule à son cou, le jeune garçon sentit ses petites cicatrices se refermer sur son visage. Puis le froid pénétra plus profondément encore atteignant les profondeurs de son esprit…

Là, il ressentit un viol de son intimité la plus profonde… Quelque chose de froid et d’inhumain était en train de s’insinuer jusque dans son inconscient… Au plus profond de son âme…

« N’ai pas peur Karl Hermann… La symbiose avec un esprit humain est toujours un peu douloureuse au début. L’homme n’a pas le niveau spirituel requis pour appréhender ses choses… »

« Je… C’est toi ? Je… Je sais qui tu es… »

« Bien sûr… Moi aussi je sais qui tu es. Je sais ce qui t’anime Karl Hermann, ce qui vient de t’arriver… »

« Tu es Kkrakhanlos, l’ombre de la vengeance… Je connais ton histoire… »

« Bien accepte-moi… Accepte notre fusion… »

« J’accepte. »

Du moment où il se laissa aller, Karl ne ressentit plus la présence comme un viol mais comme une présence familière… Un peu comme un ami qu’il avait toujours eu.

« Tu t’adaptes très, bien, Karl… Nous ferons de grandes choses ensemble… »

« J’espère bien… Frère Morgen, Frère Amon, Frère Capitaine Stern ! »

« Tu auras ta vengeance… Mais n’oublie pas… Tu me dois un service. »

« Dis-moi de quoi il s’agit… »

« Tu connais mon histoire, tu sais de quoi il s’agit »

Effectivement… Karl se rappela d’un autre monde… Un monde que les sorciers appellent le royaume des ombres, mais qui se nomme en fait l’Umbral… Il y vit des entités, des esprits, des ombres… Les ombres étaient les maîtres de ce monde spirituel. Elles s’organisaient en clan appelés des « tout », un peu comme les familles humaines mais en plus grande symbiose. Les ombres mêlées avaient une conscience commune…

Kkrakhanlos faisait partie de l’un des clans les plus puissants, au sein de se dernier il n’avait pas de nom, pas d’identité propre, mais ce « tout » était en passe de devenir le plus puissant de l’Umbral. L’ombre qui portait désormais le nom de Kkrakhanlos avait peu à peu gravi les échelons au cœur du « tout », se dévouant entièrement à la cause commune… Mais… Un beau jour… Alors que le « tout » était en passe d’absorber celui qui jusque là était le plus puissant et le plus respecté pour devenir une entité unique, jamais égalée auparavant, l’une des ombres, plus qu’un frère pour Kkrakhanlos, décida de s’individualiser et de scinder leur tout pour rejoindre celui qui était encore plus puissant, faisant pencher la balance en leur défaveur…

Peu à peu, les ombres autour de Kkrakhanlos hésitèrent, eurent peur, et quittèrent peu à peu ce tout pour rejoindre l’autre… Si bien que bientôt, ils récupérèrent tous leur individualité…

Kkrakhalos devint alors un proscrit, un individuel… Il ne pensait qu’à la vengeance si bien qu’il résista à de nombreuses reprises à des entités plus puissantes qui voulaient l’absorber, s’en nourrir… Sa volonté était une ancre qui l’empêchait de sombrer.

Mais un beau jour, il y a quelques siècles de notre ère, il ne put résister à un appel… Une voix enchanteresse, charismatique, d’outre-monde…

L’ombre se retrouva dans un monde matériel, physique, impur, entouré de bougies l’empêchant de retourner à l’Umbral… Et là se tenait un homme, le premier qu’il vit. Un être matériel fait de chair… Il était assez grand et les oreilles légèrement pointues, signe de son sang mêlé.

Kkrakhanlos essaya bien de sortir du pentagramme, mais à chaque tentative il ressentait une violente brûlure… La voix du sorcier résonna alors.

- Vois donc, esprit de ténèbres… Voici ta nouvelle demeure…

Il leva une épée, un glaive couvert de runes elfiques, qu’il jeta dans le pentacle en prononçant des formules ésotériques… Kkrakhanlos se sentit attiré par cette lame, il ne put lutter bien longtemps affaibli par son transfert dans ce monde matériel, et bientôt, il se retrouva emprisonné par la lame. Dans l’impossibilité de s’enfuir.

- Voilà… Forgée par Boromir, et enchantée par Falmyr le grand… Un cadeau princier…

Plus tard, l’épée fut enfermée dans un coffret, avant d’être offerte à un Prince. Kkrakhanlos refusa de se lier au prince, ou même de lui parler, ne connaissant pas ce mode d’expression… Le prince voulut alors faire exécuter le sorcier pour cette comédie, mais Falmyr prononça une incantation, furieux, et disparut dans un nuage de souffre avant que les soldats ne l’attrapent.

L’épée fut alors donnée à un jeune chevalier… Kkrakhanlos lui faisant confiance, il commença peu à peu à communiquer avec ce dernier, à se lier à lui, maîtrisant son nouveau corps et ses nouvelles possibilités.

Mais le chevalier voulut se servir de l’arme contre son prince… Il parla longuement des exactions du tyran à son arme, et bientôt ils décidèrent d’un plan pour lui prendre son trône.

Quand l’épée plongea dans le cœur du prince, Kkrakhanlos, en absorbant l’âme du monarque pour s’en nourrir, comprit que le chevalier lui avait menti et avait abusé de sa confiance… Le prince était un jeune monarque, innocent, naïf parfois, mais pas mauvais.

Peu de temps après, le chevalier auto proclamé prince mourût d’un accident de cheval. Personne ne comprit jamais pourquoi le cheval s’était emballé, il avait l’air terrifié… On n’abuse pas de la confiance d’une ombre sans en payer le prix…

…

Tout cela n’avait duré qu’un instant… Et après s’être extirpé de sous le tronc, Karl se redressa pour regarder son arme… Il s’agissait d’un glaive à double tranchant, des runes noires recouvraient la lame d’argent. La lune se reflétait dans cette dernière ainsi que le visage de l’enfant. Il constata que d’étrange tatouages noirs étaient apparus en lieu et place de ses cicatrices, sur toute une moitié de son corps et de son visage…

Un grognement le ramena soudainement à la réalité…

Nice.

Le plus grand des loups avait sauté sur le tronc et surplombait Karl, en montrant des dents recouvertes de son sang. Les trois autres loups tournaient tout autour, empêchant toute retraite…

« Seigneur Ombre ? »

« Point de seigneur entre nous, Karl. Tu connais mon nom véritable. Ne le révèle surtout à personne si tu ne veux pas que quelqu’un ai prise ur nous deux, mais quand nous parlons entre nous tu peux l’utiliser… »

« Bien… Kkrak, alors, ce sera plus simple… »

« Parfait. »

« Tu n’avais pas une vengeance à régler ? Quelques années de ma vie à me prendre ? »

« Oui, effectivement… »

« Et bien je pense qu’il serait temps… Tu peux nous faire filer d’ici ? »

« Rien de plus simple… La nuit est mon domaine… Les ombres sont partout… »

Les loups ne saisirent pas ce qui se passa exactement… Soudainement l’ombre du grand arbre qui cachait leur proie de la pleine lune, propice à la chasse, se fit plus sombre… Même leurs yeux perçant réussissaient à peine à distinguer sa silhouette. Le grand loup gronda et sauta à la gorge de sa victime, mais il continua son vol à son plus grand étonnement et s’étala de tout son long dans la vase…


Karl eut un moment de panique pure… Il ne voyait plus rien, il était devenu totalement aveugle, et vraisemblablement sourd aussi. Son nouvel ami l’aurait-il trompé ?

« Ai confiance en moi, Karl… Tu es ici dans mon monde… Tes yeux humains ne peuvent rien voir, car rien n’est matériel ici… Ouvre la perception de ton esprit, ouvre ton âme a ce qui t’entoure… »

« Je… Comment faire ? »

« Ouvre tes yeux d’ombre, je vais t’y aider. »

« Mais comment faire ? Je n’arrête pas d’ouvrir mes yeux ! Ils sont grands ouverts ! »

« Pas ceux là… Ceux là… »

Karl sentit une nouvelle fois la froideur… Celle-ci s’insinuait dans ses nerfs optiques et remontèrent jusqu’à ses yeux… Et d’un seul coup il vit… Non… Voir n’est pas le bon terme… Il perçut.

Il percevait maintenant l’environnement qui l’entourait, il percevait une sorte de sol, c'est-à-dire quelque chose de froid une non-âme… Il percevait des âmes vides qui se contentait de rester là à croitre sans cesse, jusqu’à être absorbé ou se scinder… Son esprit humain rapprocha ses éléments des végétaux qu’il connaissait.

Il essaya de se déplacer, mais constata que ses jambes, bien que présentes, ne lui obéissaient plus.

« Ici tu te déplace par la pensée, Karl… Tu vois le rocher, là bas ? »

« Un rocher, où ça ? »

« Non… Il est encore trop loin… Tu le verra bientôt à force d’entrainer ton nouveau sens… Bien prenons autre chose, tu vois, cette plante ? »

« Celle-là ? Oui… »

« Bien… Imagine-toi à côté d’elle. »

« Quoi, c’est tout ? »

Et effectivement il se retrouva à l’endroit exact qu’il venait d’imaginer.

« Bien, tu comprends vite… Mais tu n’en est qu’au début, si nous voulons assouvir ma vengeance, il te faudra apprendre plus, bien plus, il faudra que tu te fondes dans les ombres, dans un tout. »

« Dans un tout ? Mais c’est impossible ? Je ne suis pas une ombre, je suis un humain… »

« Tu as plus d’ombre en toi que tu ne le crois… Mais ne soyons pas trop rapide, continuons à nous entrainer… »


Le temps passait… Karl appris à se nourrir du peu de substance de ces étranges âmes vides, puis ces dernières le laissant peu à peu sur sa faim, il apprit avec l’aide de son ombre à chasser des âmes mouvantes… Des âmes dépourvues d’une réelle puissance mais tout de même plus nourrissantes que ces végétaux.

Plus les semaines et les mois passaient, et plus Karl se familiarisait avec ses nouveaux sens et ses nouvelles capacités, jusqu’à ce qu’elles fassent partie intégrante de lui.

Les mois firent places aux années, jusqu’à ce qu’un beau jour, Karl se demande…

- Dis-moi Krakh…

« Tu sais Karl, tu peux penser, ça ira tout aussi bien… »

- Oui, bien sûr… Mais un beau jour, nous rentrerons chez moi, et je ne veux pas perdre l’usage de la parole.

« Sans doute une sage décision. Tu voulais me poser une question ? »

- Depuis combien de temps suis-je ici ? J’ai de plus en plus de mal à me souvenir des forêts, des rivières…

« Cela fait plusieurs années, en effet, mais le temps n’est rien ici, tu sais ? »

- Rien ? C'est-à-dire ?

« Et bien une année ici peu représenter une seconde dans ton monde, ou bien un siècle… »

- Un siècle !! Mais comment pourrais-je me venger s’ils sont déjà tous morts !

« Rassures-toi… En ce moment nous sommes plus prêts de la seconde que du siècle… Je ressens ces choses là… »

- Bien, je te fais confiance. Quand penses-tu que je serai prêt ?

« Tu l’es… Tu connais maintenant le saut d’ombre, il ne te manque que la fusion, mais je ne peux t’aider… Il te faudra l’expérimenter. »

- Cela ne me rassure pas vraiment…

« Je ne veux pas te mentir, tu risqueras ta vie en effectuant cette fusion, tu pourrais y perdre ton âme. »

- Je suis déjà mort… Le jour où mes parents sont morts, où ma sœur a perdu elle aussi la vie… Je ne crains pas de perdre mon âme.

« Bien, je n’en attendais pas moins de toi… Allons donc sur les terrains de chasses des ombres, nous en rencontrerons bien quelques-unes… »

Karl pouvait se déplacer bien plus rapidement désormais… Ils se rapprochèrent d’une sorte de flux que l’ombre décrivit comme une route, et bientôt se retrouvèrent en présence de nombreuses ombres…

Un tout plus petit que les autres se rapprocha de Karl… Comme pour sentir son âme. Karl se laissa faire, mais alors qu’il était totalement ouvert à leur contact, il ressentit une sorte de brûlure. Non… Pas de brûlure… Comme une aspiration… Quelque chose essayait de l’absorber…

Par réflexe, il utilisa le saut d’ombre pour se retrouver loin de là…

« Que… Que s’est-il passé ? »

« C’est pire que ce que je pensais… Ils t’ont pris pour de la nourriture, un simple gibier. Il nous faudra être prudent au prochain contact, Karl. Ne laisse pas ton esprit ouvert autant, comme tu le fais avec moi. Garde tes secrets pour toi, où ils découvriront notre but… »

Karl était maintenant sur la défensive… Il se rapprocha du groupe d’ombres, mais ce dernier s’éloigna, repérant cette âme trop différente d’eux. Mais le garçon et l’ombre n’abandonnèrent pas. Ils furent patients… Peu à peu, il s’approchèrent du groupe, Karl apprenait à faire le vide dans son esprit pour les amadouer…

Et finalement, un beau jour, il se retrouva parmi eux… Il connaissait maintenant tout d’eux. Il comprenait mieux pourquoi son ombre avait utilisé cette expression de « tout » pour décrire cette union. Il avait accès à tous les souvenirs, tous les sentiments ou les émotions…

Il se sentait bien, bercé, accepté comme jamais il ne l’avait été… Mais au fond de lui, il ressentit cette petite dissonance… Vengeance… Il fallait qu’ils se vengent…

Il apprit alors à gagner de l’influence au sein du tout, avec l’aide de son ombre qui avait déjà réussi à hisser un « tout » au sommet. Il parvint à les convaincre de s’allier à d’autres « tout » plutôt que de continuer leur petite vie tranquille, il les força à accepter à force de négociations qui duraient parfois des mois entiers. Et finalement, son « tout » fut à même de concurrencer celui qui était leur cible…

Mais, cette fois-ci, Karl ne chercha pas la confrontation, non… Il proposa à son « tout » de faire partie de l’autre, de manière à former la plus grande entité que ces terres n’aient jamais connue… Certains prirent cela comme une trahison, mais d’autres comprenaient qu’ils y perdraient plus s’ils cherchaient l’affrontement.

Ainsi, hormis quelques récalcitrants, la fusion fut acceptée des deux côtés. Karl faillit perdre la raison, se laisser submerger, noyer par cette puissance, cette source de connaissance quasi-infinie… Mais heureusement, la volonté de vengeance de son ombre lui rappela bientôt la sienne, et leurs volontés affermies devinrent une ancre à laquelle ils se raccrochèrent…

Et là. Alors que la fusion fut achevée… Ils frappèrent.

Joignant le geste physique à l’attaque spirituelle, Karl donnait de grands coups d’épée sur les ombres alentours, les ombres du « tout » qu’il venait de rejoindre… Celles qui avaient trahis Kkrakhanlos…

Plusieurs d’entre elles réagirent et cherchèrent à digérer l’inopportun. Mais les attaques conjointes de Kkrakhanlos sur le plan mental, et Karl sur le plan physique, les troublaient et les rendaient impuissantes.

Karl ne sut dire exactement combien de temps cela dura, il perdit le contrôle de ses mouvements plus d’une fois, tout comme le souvenir exact des évènements…

Il se rappela juste avoir d’un seul coup la sensation d’être aveugle. Totalement aveugle… Et affreusement lourd.

Que se passait-il encore ? Il ressentit des sensations étranges… Des bruits qu’il n’avait pas entendu depuis des années… Puis, peu à peu… Il distingua le marécage et la forêt…

Il était revenu dans son monde, chez lui.

« C’est fini. Merci, Karl… »

- Ce n’est rien…

Continu , tous les jours je suis content de lire mon petit apoman ( mxi de apo et roman )

merci apo !!!

Vraiment captivant c'est pour quand le livre ???

Même si je ne suis pas pris dans la guilde je reviendrais te lire.

J'aime beaucoup ce que tu écris,réellement
Il y a du style et aussi,me fait penser à un mélange d'un peu tous les bouquins de fantasy que j'ai lu
je retrouve une intrigue à la david gemmel,une histoire d'ombre à la brent weeks et un peu de michel robert,non,sérieux,c'est bien écrit,continue ainsi